Ce soir en allant chercher Loulou à l’école, j’ai entendu une maman dire à son enfant « t’es nul ». Une maman que je croise tous les soirs en rentrant de l’école, une maman qui aime son fils de tout son coeur, à n’en pas douter. Certains ne verront peut être pas le problème, des mots dits sous le coup de la colère, ça arrive à tout le monde après tout. Oui mais…
Les mots et leur pouvoir sur la confiance en soi
Nul : bête, idiot, inepte, inintelligent, sot, stupide.
La phrase exacte est la suivante :« t’es nul, mais qu’est ce que t’es nul !», et puis elle l’a pris par le bras pour l’extirper de l’école, manifestement très en colère.
La colère, qui nous fait dire des choses que l’on ne pense pas, qui nous fait réagir démesurément, de manière réflexe. Ces mots résonnent en moi depuis que je les ai entendus, bien que ce ne soit pas la première fois. Ces douces violences comme on les appelle, auxquelles on ne prête pas attention, sont pourtant responsables de bien des maux, chez nous adultes comme chez nos enfants. Néanmoins en tant qu’adultes, nous sommes capables de rationaliser, de voir la colère dans le comportement de l’autre. Un enfant de 3 ans n’est absolument pas capable de résonner de la même façon. Il ne va pas se dire « Maman était en colère mais elle ne le pensait pas, je ne suis pas nul ».
Chaque jour à l’école je remarque ces brimades. Avant que mon fils n’entre en maternelle, j’avoue que je ne me rendais pas compte à quel point il était courant d’entendre ce genre de choses « tu es un bébé, même pas capable de mettre ton manteau tout seul » « Tu es méchant » « tu es vilain » « j’en ai marre de toi »…
Si vous êtes un adulte qui manque de confiance en soi, vous n’aurez probablement aucune peine à comprendre ce que peut ressentir le tout petit enfant face à la violence des mots. Cette sécurité intérieure dont nous avons tant besoin, celle qui nous fait avoir confiance en nous, passe en grande partie par le regard des autres, et en l’occurrence celui des adultes référents, des parents.
Ne vous dites pas que je juge, en bonne petite maman parfaite qui ne dit jamais un mot plus haut que l’autre. C’est complètement faux et il m’arrive régulièrement de m’énerver, de crier alors que je ne le voudrais pas. Mon but ici est simplement de partager mes connaissances et ma petite expérience, afin que ceux qui le désirent puissent être amenés à réfléchir sur ce sujet.
Cela veut-il dire qu’il faut tout accepter ? Laisser notre enfant nous violenter, casser ses jouets, insulter son camarade ? Absolument pas ! Voyons comment nous pouvons nous comporter…
Quelques pistes pour devenir des parents bienveillants
Soyons des exemples pour nos enfants
« Soyez le changement que vous voulez voir dans ce monde » Gandhi
Comment pouvons nous sérieusement espérer que nos enfants se comportent correctement si nous n’appliquons pas nos recommandations nous même ? Comment apprendre à un enfant à ne pas taper en lui mettant une fessée ? Comment lui apprendre à parler doucement en passant soi-même sa journée à crier ? Comment lui apprendre à être gentil avec ses camarades en étant soi même dans la critique constante d’autrui ? Il ne s’agit pas d’être parfait, mais d’être capable d’analyser son comportement et de s’ajuster au besoin. Savoir reconnaître ses défauts et essayer de s’améliorer chaque jour est une merveilleuse qualité !
Soyons positifs, justes et bienveillants
Remarquons d’abord les progrès, les réussites et les victoires plutôt que les échecs ou les erreurs. Apprenons à nos enfants qu’ils peuvent être fiers de ce qu’ils sont et de ce qu’ils font. Il ne s’agit pas de les sur valoriser mais seulement de remarquer ce qui est bien, plutôt que d’être dans la critique constante. Il s’agit d’être juste.
Il a super bien réussi son exercice mais a fait une petite faute ? Remarquons d’abord que tout est juste avant de pointer l’erreur ! Au contraire il a tout faux mais est resté concentré et a vraiment essayé de bien faire ? Alors remarquez le ! « Je vois que tu es bien resté concentré, bravo ! Voyons ensemble pourquoi tu t’es trompé ».
Ne parlons pas de notre enfant mais de son comportement
Arrivé ici vous allez me dire : c’est bien beau tout ça mais si notre enfant a tout de même un comportement que l’on juge inapproprié, qu’il dépasse les limites ? Bien sûr, il nous faudra réagir. Lorsque le cas se présente, commentez le comportement de votre enfant, ne le jugez pas dans son entièreté. Exit les « tu es nul » « tu es méchant » « tu es bête »… Par exemple, pour remplacer le « tu es méchant » on dira plutôt «Tu as le droit d’être en colère mais ce n’est pas une raison pour taper. J’ai eu mal et cela m’a fait de la peine.» puis proposez lui un comportement plus approprié pour la prochaine fois… « La prochaine fois que tu sens la colère monter, tu peux plutôt…. » (a vous de voir en fonction de vos possibilités/ convictions… ! ). Dans tous les cas, cherchez toujours à expliquer à l’enfant ce que vous avez ressenti lorsqu’il a eu un geste déplacé. Savoir exprimer ses sentiments et ses ressentis sont des qualités précieuses qui lui serviront toute sa vie.
Il se peut que ce type de phrase ne vous paraisse pas naturel, voire complètement étrange. Au début, cela demande beaucoup d’efforts, mais petit à petit on s’habitue et cela devient on ne peut plus normal de parler ainsi.
Pas de parti pris
Lorsque cela s’y prête, cherchez à comprendre ce qui s’est passé. Si vous n’étiez pas là, questionnez d’abord votre enfant plutôt que de vous cantonner à la version de la maîtresse ou de la mamie. Il n’aura sûrement pas perçu les choses de la même manière que l’adulte. Ce n’est pas parce que c’est un enfant qu’il ne faut pas l’écouter ; le respect est la base de toute relation saine.
Et si la colère monte ?
Si la colère monte et que vous sentez que vous allez agir de manière réflexe, isolez vous si cela est possible. Mettez votre enfant en sécurité ou passez le relai afin d’aller souffler/ pleurer/ hurler un bon coup.
Si ce n’est pas possible et que la colère a pris le dessus, ne vous jugez pas. Nous ne sommes pas parfaits et nous pouvons tous être amenés, à dire des choses que l’on ne pense pas. Dans ce cas là, je finis toujours par aller m’excuser auprès de lui lorsque je suis calmée. Je lui explique alors posément ce qui m’a mis dans cet état, ce que j’aurais attendu de lui, et je m’excuse de m’être énervée de la sorte. Encore une fois, il ne s’agit pas de dire à l’enfant que ce qu’il a fait est sans importance mais seulement de reconnaître que notre comportement n’était pas le meilleur à avoir. On discute, on trouve des solutions, on cherche à se comprendre !
Pour finir j’aimerai dire que l’éducation est un long chemin, une remise en question perpétuelle et que cela nous fait grandir, en même temps que nos enfants.
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Magnifique article, plein de bon conseil et surtout de bienveillance ! Bienveillance envers les enfants et envers les parents, qui ont parfois du mal. Je ne suis pas encore maman mais je garde des petits tous les jours de la semaine et je comprends très bien ce que tu veux dire, c’est vrai qu’on devrait faire tout autant attention aux mots qu’on emploi, sans vraiment croire qu’on peut parce que ce sont des petits, au contraire, il faut faire encore plus attention.
J’aime bien ce sujet d’articles, je serai ravie d’en lire des nouveaux. A très vite 🙂 <3
Merci beaucoup Justine =) Effectivement tu as raison, on devrait faire encore plus attention à ce qu’on dit aux petits !! Je ne sais pas du tout si je referais ce type d’article, il m’est venu un peu comme ça, après avoir vu cette maman à l’école… Dans tous les cas je parle de ce qui me fait plaisir donc peut être que d’autres situations se présenteront ^^ A bientôt !!
Ah, là, là ! C’est vrai qu’il y a parfois des mots durs qui nous échappent.
J’essaye de me corriger.
Bisous
Ce n’est pas simple effectivement d’être dans la communication bienveillante, mais ça se travaille =)